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    Nouveautés

    Univers :  Ornements

    D'un ornement  à l'autre
    On a pu longtemps reconnaître les siècles et les styles à leurs seuls ornements. L'ornement, qui relevait de l'architecture, touchait ensuite aux arts décoratifs et se retrouvait sur les meubles, l'orfèvrerie, la céramique et la tapisserie. Sous l'influence italienne, la Renaissance se reconnaît à ses cuirs découpés, ses médaillons, ses putti et ses bucranes issus de l'Antiquité, tandis que sous Louis XIII domine le style auriculaire et le motif du cartouche à enroulement. Marqué  par l'ampleur des formes et par les effets de symétrie, le style louisquatorzien multiplie les fleurs de lys, les lambrequins, les chutes d'armes et les trophées. La Régence voit un assouplissement général des formes, avec des combinaisons linéaires de courbes et de contre-courbes, dans le cartouche, le trophée, la coquille. Avec la Rocaille, ce sont les formes chantournées et asymétriques des cartouches ailés, des feuilles d'acanthe et des trophées champêtres qui dominent, tandis  que la mode des chinoiseries et des singeries invente un Orient de fantaisie.

    Le premier style Louis XVI, quant à lui, va reprendre à l'Antiquité ses frises de grecques, de postes,

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    Philippe Demougeot
    Architecte d'intérieur
    Emmanuelle Morice
    Rédactrice

    Sélection - Nouveautés - Bestsellers

    ... d'oves et de rais de cœur, associées à un répertoire champêtre et délicat de rubans, de paniers et de couronnes. Avec la campagne d'Égypte, le Directoire adoptera les sphinx, les canopes, les caducées et les pyramides, l'Empire se reconnaît aux cygnes et aux dauphins, aux trépieds et aux brûle-parfums, à ses motifs guerriers et à ses symboles impériaux : l'aigle et l'abeille, l'étoile et le N couronné. La Monarchie de Juillet sera historiciste et puisera son inspiration dans un Moyen Âge national, le Second Empire sera éclectique et se tournera vers la Renaissance, l'Orient lointain, le Japon des estampes et des laques. Une production industrielle d'objets en série, des matériaux composites plus accessibles au grand public sont à l'origine du petit objet décoratif qui puise à tous les styles du passé.

    Pour en finir avec l'ornement ?
    C'est en réaction contre ce pastiche du passé que l'Art Nouveau en France ou les Mouvements Arts and Crafts en Angleterre vont réagir : le premier veut lier l'art et l'industrie pour rendre le beau accessible à tous, mais en puisant dans des formes nouvelles éloignées de l'historicisme, le second veut revenir à un savoir-faire artisanal face à la production d'objets standardisés. À la fin du XIXe siècle, l'Art Nouveau et son inspiration végétale, puis l'Art Déco et son retour aux formes héritées du style Louis XVI seront jugés encore trop décoratifs. Partout en Europe se font entendre des voix qui prônent un dépouillement intégral dans l'architecture et dans l'ameublement, d'Adolf Loos  à Le Corbusier. Cette condamnation de l'ornement en faveur d'une architecture fonctionnelle est autant sociale qu'esthétique et ce que refusent les fonctionnalistes, c'est d'abord le mauvais goût bourgeois, la richesse ostentatoire, les salons surchargés de tentures, la copie paresseuse des siècles passés, la profusion de tableaux purement décoratifs accrochés à touche-touche et qui présentent toujours les mêmes poncifs puisés à l'antique, à l'exotisme ou à la scène de genre.  Face à ces excès décoratifs, Le Corbusier prônera de ripoliner les murs, pour les laisser nus, sans tentures ni papiers peints.

    Art et ornements dans l'ameublement d'aujourd'hui.
    Plus de quatre-vingts ans après, on peut dire que les condamnations de Loos et de Le Corbusier ont été entendues et que l'ère du vide est encore la nôtre. Dans nos appartements, on voit plus souvent des murs nus que des murs tendus de papier peint ou recouverts de tentures, même si un retour du papier peint se remarque. Jusque sous Napoléon III, c'était
    l'art tapissier qui prévalait et qui unifiait la décoration. Le salon bourgeois, avec ses ornements obligés, statuettes en bronze, garnitures de cheminée, vases et bibelots divers, ne se voit plus guère non plus, de même que l'accrochage à l'ancienne des tableaux. Les ornements et les œuvres d'art n'ont pourtant pas disparu de nos appartements : ils sont toujours là, d'autant plus précieux  qu'ils sont plus rares, d'autant plus visibles qu'ils sont exposés isolément, d'autant plus graphiques qu'ils s'insèrent dans des séries rythmiques.

    Trompe-l'œil, fresques et faux.
    On remarque un goût nouveau pour les trompe-l'œil, les fresques, les décors muraux qui rompt avec l'uniformité des murs nus. Les ornements n'occupent plus toutes les surfaces d'une pièce, du parquet marqueté au plafond à caissons, et ne s'insèrent plus dans de grands décors à voussures comme par le passé. é. Mais ils sont placés stratégiquement pour agrandir une pièce, donner l'illusion d'une tenture ou d'une fenêtre ouverte à l'horizon. Ils sont proches en cela de l'art d'un Mantegna dans le Palais du  Tè à Mantoue. Fabienne Colin réalise ainsi des trompe-l'œil non seulement pour métamorphoser des pans de murs en œuvres d'art, mais encore pour animer une surface neutre ou éclairer une pièce aveugle. De ses coupoles peintes, comme de l'oculus de la Chambre des époux, semble tomber une lumière zénithale. Faite pour le plafond d'une véranda, une coupole à la treille apportera un supplément de verdure ; réalisée dans une entrée, une fenêtre ouverte sur le ciel donnera l'illusion  de l'espace et de la lumière dans un étroit couloir sans ouverture. Les trompe-l'œil signent une nouvelle préciosité et permettent de repousser les murs de nos appartements exigus.

    La mode est également à l'imitation de matières pour animer une surface nue : faux bois, faux marbre, faux lambris, faux drapés, patines murales. Les papiers peints des maisons Desfossé, Turquetil ou Zuber, sous le Second Empire, jouaient pareillement de l'illusionnisme pour imiter le marbre et le bronze, le damas ou le capiton, ils montraient des rosiers, des lierres et des clématites grimper le long des treilles, afin de faire entrer une nature champêtre ou luxuriante dans les  demeures de ville. Si l'art tapissier ne règne plus dans les chambres, on fait encore usage, ponctuellement, de toiles peintes décoratives. Japonisantes, les tentures en lin de Marie-Carotte peuvent faire office de cloisons mobiles pour créer des séparations ou être simplement accrochées au mur. Les réalisations d'Hector Déco, peintes à la main et dorées à la feuille, montrent aussi bien des planches botaniques qu'animalières et des portraits inspirés par l'Orient ou par le Quattrocento. L'influence majeure reste, là encore, celle d'un Mantegna, dont on retrouvera un lévrier élancé ou une dame de profil semblant sortir du Palais du Tè.

    Moulures, niches, pilastres, moulages, marqueteries et mosaïques : poétique du fragment.
    Les moulures que Le Corbusier rêvaient de voir disparaître sont toujours en faveur auprès du public et l'appartement haussmannien reste de tous le plus prisé. Aujourd'hui la moulure est mise à nu et repeinte en blanc pur. Ainsi épurée, elle pourra s'harmoniser avec un mobilier de style comme avec un décor contemporain. On aime également faire se rencontrer l'ancien et le nouveau et insérer sur les murs nus ou à côté d'une photographie contemporaine, un pilastre, tandis qu'une  colonne à chapiteau supportera une sculpture abstraite ou une vierge gothique. Les siècles ainsi se tiennent et dialoguent entre eux. Un chapiteau corinthien, une rosace, un mascaron une frise de grecques peuvent valoir pour eux-mêmes et être exposés seuls. Rodin, qui mettait en valeur la main d'une Vénus, le torse d'un Apollon ou le pied d'une Victoire, nous a appris à voir dans la partie la statue tout entière et dans le fragment la totalité du monde antique. On accrochera ainsi aux  murs des moulages antiques ou médiévaux pour leur force architectonique, rosaces, fragments de frises, entablements, morceaux de bas-reliefs. Il en va de même pour les boiseries et les marqueteries, souvent coûteuses. Une rosace en marqueterie, une moulure d'appui ou un dé de raccordement en bois sculpté suffiront à créer de belles modénatures.

    Trophées et taxidermie.
    À l'ère de l'objet-standard, les cabinets de curiosités et l'art des taxidermistes continuent de fasciner. Des animaux naturalisés font leur entrée au salon, tandis que sur les murs s'alignent les trophées et les massacres. Les versions les plus belles sont sans doute celles qui font appel à des matériaux pauvres, comme les créations de Marie Christophe : voici son lampala, tout en finesse et en force. Les sculptures animalières sont également prisées, car elles ont un grand  pouvoir d'évocation et transforment la maison en arche de Noé ou en forêt enchantée. Aux petites statuettes en bronze ou en céramique, on préférera les créations en carton de grande dimension ou encore les sculptures en médium et en 3D de la Compagnie des elfes, qui donnent au taureau ou au renne un relief et une force incomparables.

    Le 10e art.

    Accroche-ton encore des tableaux aux murs à l'ère du numérique et du minimalisme?  Oui, diront les collectionneurs. Pour ceux qui n'ont pas les moyens de la collection, le 10e art qui englobe l'ensemble des créations artistiques  utilisant le numérique comme support donne une alternative de choix. Ainsi des impressions numériques sur toile, imprimées en haute résolution et montées sur un châssis de bois. Lorsqu'elles ont un tirage limité et qu'elles sont numérotées et signées par l'artiste, on les appelle des digigraphies. De format carré, mais souvent panoramiques, les digigraphies proposées par l'entreprise 10e art ou par la galerie Plisson sont d'une grande force graphique et se distinguent par  l'intensité de leurs couleurs. Le numérique permet, enfin, de nombreuses options de taille, de cadrage et de couleur, afin de s'harmoniser au décor ambiant. L'autre révolution en matière de décoration est celle de la LED. On trouve des sculptures lumineuses comme éclairées de l'intérieur : ainsi de la sculpture "Éclipse" de Clémentine de La Tour qui semble fixer l'instant précis où le soleil est momentanément occulté par la lune. La LED  permet aussi de rehausser l'éclat des matériaux. Elle donne aux réalisations de la céramiste Ariane Artignan-Coissieux un éclat incomparable et recrée pour une sculpture de coquillage en porcelaine l'irisation de la nacre
     
    On chercherait en vain, comme pour les siècles passés, un répertoire décoratif cohérent de symboles et de motifs qui distingue notre époque. L'ornement n'a pas disparu, il reste présent sous forme de citation, de réminiscence, d'hommage ou de détournement et signe un goût nouveau pour les matières précieuses, tandis que le numérique et la LED créent de nouvelles images et d'autres axes de lumière. 

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